Marques de vernis sur le ligne de prod'
En alternance à Valeo Issoire, Anaïs Marques vise à 24 ans une nouvelle vie grâce à l’apprentissage en industrie, et sort les griffes face aux clichés.
C'est une pilote de ligne qui a les deux pieds bien sur terre. Anaïs Marques n'a cependant rien à voir avec l'aviation. Son truc à elle, c'est la production industrielle. Et l'apprentissage qui va avec, au Centre de formation des apprentis de l'industrie (CFAI), à Cournon.
Son BEP comptabilité, puis vente, l'ont envoyée toucher la galère, multipliant les missions d'intérim. Elle n'en voulait plus. Aujourd'hui, à 24 ans, elle a tiré un trait sur son passé, et regarde devant. Loin devant. « Après le bac pro, j'aimerais faire un BTS, à nouveau en alternance. Je suis ambitieuse, je veux aller chercher le meilleur pour ne plus galérer. Quand on voit comment ça se passe maintenant… Finalement, ce que j'ai fait avant m'a peut-être conduit ici. »
Le hasard de la vie
Pilote de ligne de production, donc ! « Oui, mais je suis arrivée là par hasard. Ma grand-mère a vu dans le journal une annonce du CFAI. Je suis venue après les "Portes ouvertes", je me suis renseignée sur les métiers. J'aime bien bricoler, dessiner, et j'ai fait ma rentrée il y a deux ans. »
Une rentrée forcément spéciale au milieu des garçons, où elle se retrouve être l'aînée de la promotion. « Mais ça s'est toujours bien passé, ils sont mignons les jeunes », sourit Anaïs avec des yeux de maman-poule. « En plus, ça n'a vraiment pas été dur de s'y remettre. » Son contrat d'apprentissage, signé avec Valeo à Issoire, lui ouvre les portes de l'aventure industrielle, jusqu'en septembre 2015. Et après ? « Il y a beaucoup de débouchés », assure la Clermontoise. « C'est aussi pour ça que le parcours me plaisait ; l'alternance amène à 80 % du temps sur un CDI, soit une certaine stabilité. Je pourrai établir des projets, acheter une maison… les trucs de la vie quoi ! »
« On apprend énormément en entreprise. C'est l'idéal »
Nul doute alors que la technicienne d'origine portugaise défend bec et ongles vernis son métier. « Pilote de ligne de production, c'est pas comme dans Charlie Chaplin hein ! On conduit, on dépanne. Même si sur le fond, on a toujours une production à faire, elle change chaque jour, les pannes sont différentes. Je crois que les gens ont une image assez noire de l'usine. Mais il n'y a pas de sous-métiers ! Parfois, on doit faire face à des réactions, des clichés qu'on nous ressort. Alors oui, ce n'est pas forcément glamour le bleu de travail, mais on n'est pas des bonshommes ! Quand je suis au boulot, je me donne à fond, et une fois sortie de l'usine, je n'y suis vraiment plus ».
Et avec sa détermination et sa maturité qui la caractérisent, Anaïs prend aussi clairement position sur sa formation. « L'apprentissage n'est clairement pas assez valorisé. Pourtant, l'expérience professionnelle reste l'idéal, avec un salaire à la clé. Scolairement, ceux qui n'ont pas de bons résultats, ils vont en alternance, et c'est finalement tant mieux pour eux. On apprend énormément en entreprise. »
Des regrets, elle n'en a donc pas. Ou peut-être un. « Celui de ne pas être arrivée ici plus tôt. Maintenant, je n'ai plus le droit à l'erreur, je dois réussir. Ici où ailleurs. Mais c'est vrai que je suis attachée à l'Auvergne… »
Pour l'heure, il lui reste un an d'alternance. Un an de voyages entre Cournon et Issoire. Actuellement, ce sont des balais d'essuie-glaces qui défilent sous ses yeux. « Et tous faits avec amour… », rigole la demoiselle. L'amour de son métier. Et l'amour de l'apprentissage.
Alexandre Chazeau
(Article publié dans La Montagne le 23/09/2014)